Souvenirs d’Égypte

Déjà professionnel de musée, lorsqu’en 2001 l’opportunité se présenta de faire un perfectionnement en Égypte, notamment à l’Université internationale Senghor, nous avons ressenti celle-ci comme une aubaine, une occasion de réaliser un rêve conscient et inconscient de découvrir de vis us des trésors culturels appartenant à la première grande civilisation de l’humanité.

Le premier attrait, celui qui vient tout de suite à l’esprit d’une personne qui pense à l’Égypte, ce sont les pyramides de Gizeh. Nous n’y avons pas échappé. Il est important de rappeler que les pyramides de Gizeh sont la seule des 7 merveilles de l’Antiquité encore conservée. Nous y reviendrons.

Étant donné que nous étions basé à Alexandrie, centre mondial du savoir dans l’Antiquité, de nombreuses curiosités se sont révélées à nous. Commençons par le mouseion d’Alexandrie, construit en 290 av. J. – C. et qui a été partiellement détruit en 47 av. J. – C. ainsi que sa célèbre bibliothèque, haut lieu du savoir dans l’Antiquité. Elle attirait tous les savants du monde entier à cette époque. C’était en effet le premier centre de recherche au monde, le plus grand centre intellectuel. La bibliothèque d’Aristote aurait été donnée à celle d’Alexandrie. La géométrie est née à la Bibliothèque d’Alexandrie. Tout ce qui existait comme texte avait sa place à la Bibliothèque. Il n’existe pas de trace de cette illustre institution, mais une autre bibliothèque a été construite, la Bibliotheca Alexandrina, afin de rappeler l’institution antique. Elle fut inaugurée en octobre 2002 et compte parmi les bibliothèques qui ont la plus grande capacité d’accueil dans le monde. Nous avons eu la chance de la visiter pendant sa première année de fonctionnement. Elle est vraiment impressionnante de par la symbolique de son emplacement et de son architecture extérieure et intérieure.

À cela, il faut ajouter le phare d’Alexandrie construit au 3^e siècle av. J. – C., qui fut l’une des 7 merveilles du monde et dont on n’a aucune trace aujourd’hui.

À la faveur d’une excursion en Haute-Égypte, nous avons eu l’opportunité de visiter le temple de Luxor, le temple de Karnak, la Vallée des rois, la Vallée des reines ainsi la région d’Assouan. La visite de l’ensemble de la région a été riche en enseignements.

Les temples de Karnak et Luxor, impressionnants par leur architecture, symbolisent la suprématie d’Amon-Rê et constituent les traces artistiques du Nouvel empire. Parlant de l’axe Karnak-Louxor, l’égyptologue Sydney Aufrère affirme : «Section d’Égypte, l’axe thébain est ainsi le reflet de la vie de la Vallée et de l’univers ; le soleil, né à l’Est, s’élève au-dessus de l’Ipet-sout de Karnak, nom du temple majeur, passe les séries de pylônes construits depuis les Aménophis jusqu’aux empereurs romains, et poursuit son parcours en direction du désert libyque où il rejoindra le séjour des défunts renaissant avec lui.»

Un autre voyage nous mena sur les bords de la Mer rouge et sur le Mont Sinaï, célèbre chez les chrétiens, car connu comme étant le lieu où Moïse a reçu les 10 commandements de Dieu. Conformément aux habitudes de la plupart des visiteurs, la montée du mont Sinaï s’est faite de nuit, le but étant d’arriver au sommet au bon moment, c’est-à-dire celui où l’on peut observer le lever du soleil dans toute sa splendeur. C’est en effet un moment inoubliable. Lors de la descente, la visite du monastère St-Catherine était au programme. Nous avons malheureusement dû nous contenter de tourner autour de l’établissement, car il était fermé. Il est important de rappeler qu’il fait partie du patrimoine mondial de l’humanité et que sa bibliothèque renferme la plus importante collection de manuscrits anciens au monde après celle du Vatican.

Revenons aux visites effectuées dans la région du Caire : l’une dans le cadre du cours d’Égyptologie dispensé par l’éminent égyptologue Sydney Aufrère, l’autre lors d’une visite touristique libre.

Tout d’abord, la découverte du Musée du Caire avec ses nombreux témoins matériels de l’histoire de l’Égypte ancienne. Nous avons été impressionné par les trésors exposés, notamment les pièces appartenant au trésor du pharaon Toutânkhamon, mais la plus grande émotion est apparue à la vue de la momie du pharaon Ramsès II, le 3^e pharaon de la 19^e dynastie. Rien qu’à penser que cet homme est mort il y a plus de trois millénaires, on restait sans mot. Connu du reste comme un pharaon bâtisseur eu égard au nombre de monuments qu’il a fait construire, son règne fut l’un des plus longs.

Ensuite, la visite du plateau de Gizeh avec les grandes pyramides, un site qui date de plus de 4500 ans. La plus grande pyramide est celle de Khéops (haute de 146,60 m), suivie par celle de Khéphren (haute de 143,50 m) et par celle de  Mykérinos (haute de 66,40 m). Devant elles se dresse le sphinx, la plus grande sculpture monumentale du monde. Le doute subsiste toujours sur l’identité du pharaon dont les traits sont représentés par le sphinx. La vue de très près de ces monuments permet de se rendre compte de la grandeur de l’œuvre accomplie et amène à s’interroger sur les moyens utilisés.

En somme, les souvenirs de notre séjour en Égypte restent vifs et remplis d’enseignements et d’émotions. Le professionnel de la gestion du patrimoine que nous sommes ne finira jamais d’être fier d’avoir vécu ces expériences.

F.T.T.