Le Musée Théodore Monod d’art africain, Dakar
Créé en 1936 et officiellement concrétisé en 1960, le Musée Théodore Monod d’art africain a, comme plusieurs autres institutions muséales, connu une trajectoire particulière. Partie intégrante de l’IFAN (l’Institut Français d’Afrique Noire qui est devenu l’Institut Fondamental d’Afrique Noire), il fut à l’origine conçu comme un musée ethnographique consacré aux arts et traditions de l’Afrique de l’Ouest. Inutile de préciser qu’il s’agit alors d’un musée avec une vision purement colonialiste.
La fin des années 1950 voit le musée prendre un virage, celui de prioriser la dimension esthétique des objets. Cette vision est brouillée quelques décennies plus tard, lorsque le musée est rebaptisé Musée Théodore Monod en 2007, du nom du premier directeur de l’IFAN. Toutefois, le conservateur actuel du musée, M. El Hadji Malick Ndiaye précise: « D’une part, cette appellation reconnaît qu’il est le fruit d’une construction coloniale qui, tout en prétendant s’intéresser aux civilisations africaines, a nié leurs complexités : même quand ces cultures étaient magnifiées, elles restaient toujours exotiques et confinées dans l’antichambre de l’histoire. D’autre part, cette appellation affirme que ces collections sont le vivier d’une nouvelle vision, celle d’un musée moderne. » La mission du musée consiste avant tout à préserver et à valoriser l’héritage culturel du Sénégal et de l’Afrique tout entière.
L’institution comprend deux édifices de même architecture, à savoir une combinaison de style soudanien et colonial.
Au niveau des collections, le musée possède 10 000 pièces originaires d’une vingtaine de pays africains, essentiellement d’Afrique noire. Les surfaces de réserve et d’exposition sont estimées respectivement à 600 m2 et 1400 m2.
L’examen de la composition des collections permet d’affirmer que la collection de masques et de statuettes prédomine. Celle-ci représente approximativement 35% de l’ensemble des objets. Le musée dispose d’un centre de documentation doté d’une petite bibliothèque, d’une photothèque, d’un espace consacré aux archives et aux fiches techniques de chaque œuvre d’art présente dans les réserves. Depuis quelques années, le musée a adopté une nouvelle orientation. Il s’agit d’une politique d’ouverture vers le monde de l’art contemporain avec des projets comme celui de « talking object » où des artistes plasticiens sont invités (en résidence) à dialoguer avec les collections du musée et, de par leurs pratiques artistiques, à créer de nouvelles œuvres avant de les restituer au musée. C’est une démarche originale dans la perspective du renouvellement des collections.
En somme, le Musée Théodore Monot d’art africain est une institution pionnière qui a d’ailleurs servi de moteur à la création de plusieurs musées nationaux en Afrique de l’Ouest francophone. Il est heureux de constater que ses responsables, à travers un perpétuel questionnement, permettent de le repositionner dans le sens d’un certain dynamisme.
M.A.
