
Le jardin botanique de Bingerville (Côte d’Ivoire)
Le Jardin botanique de Bingerville (18 km à l’Est d’Abidjan) existe depuis l’époque coloniale, plus précisément depuis 1904, au temps où Bingerville était la capitale politique de la colonie de Côte d’Ivoire. C’était le jardin privé du Gouverneur français de l’époque, Gabriel Angoulvant, qui voulut créer un jardin derrière sa résidence devenue aujourd’hui un orphelinat. Le Gouverneur décida d’enrichir le jardin avec des espèces végétales cueillies au cours de ses déplacements à l’intérieur de la colonie et dans la sous-région ouest-africaine.
En 1912, il devient un jardin d’introduction et d’essais de plantes rapportées des autres contrées tropicales et subtropicales. Il est alors dirigé par le botaniste Jolly. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les activités sont ralenties. Les essais sur les plantes ornementales sont arrêtés, mais ils sont poursuivis sur les plantes de rentabilité économique, à savoir le café, le cacao et la banane.

Entrée du Jardin
En 1952, le jardin d’essais est érigé en jardin botanique. Il change ainsi de statut et devient un organisme de conservation, donc une institution muséale. Il abandonne les essais au profit des institutions de recherche telles que l’IRHO (institut pour la Recherche sur les Huiles et Oléagineux), l’IRFA (institut pour la Recherche sur les Fruits et Agrumes), l’IRCC (institut pour la Recherche sur le Café et le Cacao, etc. Le Gouverneur le confie au centre d’Apprentissage et d’Agriculture devenu Lycée agricole. Par la suite, la nécessité d’aboutir à un encadrement plus efficace amène les autorités à séparer le jardin de cette école professionnelle et à le doter de sa propre direction.
Après 1960, le jardin est agrandi à 55,6 ha dont 45 ha pour le jardin proprement dit et 10 ha pour la pépinière. La diversification des essences végétales est également poursuivie.
Malgré d’énormes problèmes d’entretien et donc de conservation de ce site historique, il a réussi à survivre. C’est ainsi que l’on dénombre des espèces originaires d’Afrique tropicale, d’Asie et des îles environnantes, d’Amérique tropicale et d’Australie. Par exemple, des plantes de la famille des myristicacées, des lauracées, des oxalidacées, des ochnacées, etc. En ce qui concerne leur fonction, il y a des plantes ornementales, des plantes alimentaires, des espèces médicinales et des plantes à usage textile.

Aménagement spécial
Voilà donc un site historique qui peut être considéré comme un échantillon de patrimoine issu de la «mondialisation», car fruit d’apport de plusieurs contrées du monde : situé sur le territoire ivoirien, créé par un Français et qui contient, hormis les plantes originaires d’Afrique, des espèces provenant d’Amérique, d’Asie et d’Australie.
L’espoir de conservation et de valorisation de ce jardin botanique, après l’abandon des activités de recherche confiées aux instituts désignés plus haut, est venu de la décision de le gérer comme une institution muséale. Par conséquent, des activités de conservation ainsi que des actions d’étude et de diffusion à des fins d’éducation et de délectation des publics sont mises en œuvre. En effet, des visites sont organisées afin de permettre à l’institution de jouer son rôle social.
Une initiative a d’ailleurs été prise pour enrichir le site et augmenter son attrait : d’illustres hommes et femmes politiques ont été sollicités pour s’approprier une parcelle de terrain et la garnir de plantes et de fleurs. Il est évident que cette parcelle de terrain est formellement identifiée au nom de la personnalité, ce qui peut assurer son entretien continu. Cela lui confère également une certaine valeur et procure du prestige au jardin botanique.
M.A.