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Patrimoine culinaireLe «Bandji » ou vin de palme, élément du patrimoine culturel

Le «Bandji » ou vin de palme, élément du patrimoine culturel

Le palmier est une plante de la famille des arécacées. La variété que l’on trouve en Afrique de l’Ouest est le palmier à huile ou éléis de Guinée. Il fait l’objet de plusieurs usages. Hormis l’utilisation de ses graines pour produire de l’huile et celle de ses branches à plusieurs fins domestiques, il est également exploité pour la production du vin de palme ou «bandji», tel qu’il est appelé chez les Akan.

La production du «bandji» commence par l’identification et l’abattage d’un palmier. Avant de commencer les opérations, un nettoyage est effectué autour du palmier abattu.

Exemple de palmiers abattus

Après quoi, une entaille est faite dans le tronc du palmier. Celle-ci est d’abord petite, mais elle est agrandie au fil des jours afin de permettre une plus grande production. Le recueil du jus, c’est-à-dire du vin, est possible grâce au perçage d’un trou en dessous avec un roseau de bambou. Un bidon est alors placé sous le palmier abattu à l’endroit du trou percé afin de recueillir le vin. En somme, il s’agit d’une fermentation naturelle du jus (ou sève) de palmier.

L’entaille reste fermée (sauf lors d’opérations pour l’agrandir) à l’aide de feuilles de cacaoyer afin de la préserver de la chaleur, car elle doit rester fraîche. Cependant, il est nécessaire d’y mettre un petit feu régulièrement afin de chauffer le palmier et de chasser par la même occasion les bestioles qui s’y attroupent.

Tronc de palmier entaillé

Le vin est récolté au moins une fois par jour. Certains palmiers peuvent en produire jusqu’à 5 litres par jour. Le contenant généralement utilisé pour le boire est la calebasse. La bonne qualité du vin est conservée pendant une journée. Après quoi, celle-ci se détériore, mais certaines personnes le consomment même après 2 ou 3 jours. Évidemment, s’il est conservé dans un réfrigérateur, il garde toutes ses propriétés pendant de nombreux jours.

Du «bandji» dans une calebasse

Le «bandji» est également utilisé pour produire une autre boisson traditionnelle fortement alcoolisée dénommé «gbêlê» ou «koutoukou» chez les Agni (groupe culturel Akan).

Dispositif de production du «gbêlê»

Autrefois produit avec un emploi important de sucre, les paysans ont trouvé le moyen de le fabriquer avec du «bandji». Une quantité de «bandji» est mise dans un baril qui est chauffé à haute température. Un tuyau relie le baril chauffé à un bassin d’eau qui lui-même communique vers un récipient grâce à un autre tuyau. Le principe est simple : le tuyau qui sort du baril chauffé transporte de la vapeur vers le bassin d’eau froide. À cet endroit, il est transformé en liquide avant de se déverser dans un récipient sous forme de boisson transparente de la même nature que le gin. La teneur en alcool n’est pas mesurée, mais toutes les personnes qui l’ont goûtée sont unanimes à reconnaître qu’elle est plus forte que le gin qui est largement répandu.

Il faut en tout 160 litres de «bandji» pour produire 25 litres de «gbêlê».

Le «bandji» fait partie du patrimoine culturel des peuples qui le produisent en ce sens qu’il accompagne les gens dans des moments de convivialité familiale ou sociétale, que ce soit autour d’un repas ou non. Par exemple, le jeune «bandji», c’est-à-dire celui qui vient d’être fraîchement recueilli, qu’on appelle également «dofflè», sert de complément alimentaire. Surtout, il est l’une des boissons les plus prisées et les plus demandées lors de célébrations de moments importants de la vie de la communauté : les baptêmes, le mariage et plus précisément pour la dot, la fête des ignames et les funérailles. Un certain nombre de litres est exigé, et la quantité dépend des circonstances et des moyens financiers des personnes concernées.

M. Kadjo Antoine, producteur de «bandji»

Hormis l’aspect matériel, sa production et la perpétuation de celle-ci traduisent la nécessité et la pertinence de la préservation de ce savoir-faire ainsi que des traditions et croyances qui y sont rattachées, soulignant par le fait même l’importance du patrimoine immatériel.  

M.A.

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